jeudi 5 mai 2011

L'après-midi à la plage

















Et si je commençais par la fin ? Ou plutôt par le but (voir photo). Tous ceux qui ont vu le film "danse avec lui" ont en mémoire la phrase clé : "ce qui compte, c'est pas le but, c'est le chemin..."

Vous comprendrez donc que pour parvenir à faire un petit tour en canoë, il faut vivre pleinement l'aventure qui va vous y mener. Maintenant, je vais vous conter "l'histoire d'un mec" qui rame pour pouvoir ramer...

A l'occasion de nos congés de Pâques, nous avions décidé, comme presque chaque année, de séjourner aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Nous sommes donc partis à deux, avec valises, chapeaux, casquettes, blousons d'hiver et d'été (on ne sait jamais), bottes et tongs, pulls et tee-shirts, k-way et maillots de bain, cerfs-volants, vélos, tenue d'équitation et canoë. Tout le textile était regroupé dans le coffre et sur la banquette arrière de la voiture, les accessoires sportifs dans la remorque.







Quand le patron de l'hôtel nous a vus arriver, il nous a tout de suite proposé sa place pour handicapés dans la mesure où il n'attendait plus que nous...




Nous avons donc commencé par trois jours de vélo sur les digues, les chemins et autour du Vaccarès dans les paysages exceptionnels entre mer et marais, en compagnie des oiseaux, des chevaux et des taureaux. Il faut dire que la météo prévoyait toujours de la pluie pour le lendemain et que le soleil s'obstinait à briller dans un ciel sans nuages.



A l'aube du quatrième jour, nos selles commençaient à être fatiguées. Nous en avons profité pour faire quelques emplettes en ville, puis nous avons formé le projet d'aller pique-niquer à la plage. En revanche, pas question d'y aller en voiture, avec le canoë sur la remorque.



"Mon Dieu quel bonheur d'avoir un mari bricoleur !" Il a toujours de bonnes idées pour se simplifier la vie ! Avouez que vous n'auriez pas eu l'idée d'atteler un canoë au vélo ! Lui, oui !





C'est donc sous l'œil blasé d'un père Colvert que l'opération se déroula. Il faut dire qu'il avait repéré une dame (cane) à sa toilette dans la rivière.












L'opération de rapprochement du bateau et du vélo était d'une simplicité élémentaire, mais devait prendre un certain temps pour que la balade prenne de la valeur. Elle commença aux environs d'onze heures trente.






Le premier objectif était de fixer les roues sous le bateau une fois celui-ci descendu de la remorque. Toujours très prévoyant, l'homme disposait de tout le matériel nécessaire. Comme vous pouvez le voir sur l'image, le rapprochement s'opérait lentement.










Pendant ce temps, Madame Cane, peu intéressée par ces préliminaires interminables se lissait les plumes.





















Enfin, l'attelage fut prêt et nous pûmes prendre le départ en direction de la mer, en empruntant les chemins peu fréquentés.













A notre départ de l'hôtel, vers midi et quart, la famille canard était pétrifiée...





J'aurais pu décrire tous ces préparatifs comme un calvaire, mais il n'en fut rien car il ne tomba qu'une fois. Je n'ai pas pris de photo de cette chute parce que l'appareil était inaccessible, au fond du sac à dos...Toutefois, notre caravane ne passa pas inaperçue : sur notre passage, quelques chevaux s'esclaffèrent et les mouettes rieuses firent de même.





Après avoir longé les roubines, traversé deux parkings et fait un bout de route, nous fûmes en vue de la plage. Il ne restait plus qu'à franchir la petite dune de sable, ce qui fut fait en un clin d'œil, mais en détachant quand même le canoë (c'est très difficile de pédaler dans le sable).





C'est alors que notre gaieté fit place à la tristesse : nous avions oublié les pagaies... (remarquez que j'évite le jeu de mot trop facile)







Qu'à cela ne tienne, le sportif bricoleur repartit sur sa machine à pédales et revint avec tout le nécessaire et même plus : les rames, deux cerfs volants et un abri de plage à monter en quelques secondes...











Bref, à treize heures 30, le canoë était mis à l'eau (fraîche).








En quelques coup de pagaie, un petit tour de dix minutes chacun, pas plus parce que ça fatigue les bras, qu'on n'est plus très en forme après nos performances sportives des trois premiers jours et que les préparatifs nous ont un peu épuisés.



Mais pour ne pas s'ennuyer, on sort un peu le cerf-volant, on démêle les fils, on rembobine le tout et on essaie de prendre le vent. Y'en a pas...









Tant pis, on va monter l'abri. C'est si simple. Au départ, on dirait un cerf-volant, mais après, on comprend tout car les shémas sur les sacs sont très explicites...









Le sportif-bricoleur-traqueur de vent retourne faire un tour en mer, moi, je reste un peu au soleil, mais le vent se lève et l'abri s'envole.... Je décide donc de m'asseoir dedans. C'est très étouffant. Il n'y entre pas un souffle d'air, j'ai l'impression de m'asphyxier.









ça ne fait rien, je vais le plier. Les trois secondes, c'est pour le montage, parce que pour le pliage, avec un peu de vent, il faut compter beaucoup plus.


Nous, ce qu'on aime, pendant les vacances, c'est la gestion du temps...

vendredi 10 septembre 2010

SURPRISE






C’était fin mai 2003, la chaleur annonçait déjà un été caniculaire et nous avions décidé de faire une surprise à Papa pour son anniversaire. Les occasions de voir ses trois filles en même temps étant rares, il les appréciait d’autant plus. Et puis, quand on fête quatre-vingts ans, c’est bien d’être entouré (d’attentions).
Partis de Mandelieu le jeudi matin très tôt, avec une nouvelle voiture pas encore tout à fait à nous puisqu’encore immatriculée en région parisienne, nous faisons halte, vers 11 heures trente aux environs de Béziers : café, coca, toilettes, cigarette puis changement de conducteur.
Madame prend le volant et les voilà repartis cap à l’ouest sur l’autoroute. Vers 13 heures, la faim commençant à la tirailler un peu, elle émet un vague désir de pause déjeuner. « J’aimerais mieux qu’on dépasse Toulouse » objecte le copilote qui, apparemment, n’a pas de petit creux. L’objectif est en effet d’avancer le plus loin possible puisque nous avons rendez-vous vendredi à 12 h 30 dans un petit village aux environs de Royan.
Nous passons Toulouse : température extérieure : 31 °C. On apprécie la clim.
Montauban : nous sortons de l’autoroute. Dans cette région-là, pas question d’avaler fast-food dans une station service ! Nous passons devant le Mac Do, en riant bien fort : si José, si j’osais !..
Puis nous traversons quelques villages inanimés, avaient-ils donc une âme ? En tout cas, pas âme qui vive, pas le moindre bistrot ouvert… La faim et surtout la soif commencent à nous agacer et nous en venons presque à regretter le Mac Do quand, vers 14 h 30, nous apercevons bien quelque chose qui ressemble à un restau, qui est ouvert, et qui, peut-être servira, à cette heure avancée de la sieste, deux touristes affamés.
Le patron est un peu embêté : « I nous reste que du confit ! »
Comme nous ne sommes pas difficiles nous répondons avec l’air désolé : « Ça ne fait rien, on s’en contentera… » C’est vrai, quoi, le confit, c’est pas gras ! Mais bien évidemment, ça s’accompagne d’un peu de vin, rosé en la circonstance, il faut savoir rester léger.
Ici, pas de tabac ouvert, donc, pas de cigarette, pas de cigare, on verra ça à Bergerac. Il y a là-bas, en bord de Dordogne quelques petits troquets aux terrasses ombragées qui méritent qu’on s’y arrête pour une pause fraîcheur. En attendant, roulons… L’homme a repris le volant, mais, un peu plus loin… Non, ce ne sont pas des canards gras, mais les poulets du Tarn et Garonne ? Coup d’œil rapide au compteur. Plusieurs questions se bousculent :
- J’ai dépassé la vitesse ?
- J’ai mordu la ligne ?
- Est-ce que j’ai mes papiers ?
Pas le temps de répondre, ces messieurs sont au milieu de la route et nous font le geste auguste (pas du semeur), qui nous enjoint aimablement mais fermement de nous garer.
- Messieurs-dames, bonjour… (sourire énigmatique…) Petit contrôle de routine…
Puis, sans commentaires inutiles, il nous présente un appareil parallélépipédique et sûrement électronique, sort d’un étui plastique un embout cylindrique, le place sur la mécanique et demande gentiment à Monsieur de souffler tant que durera le sifflement métallique.
Un quart rosé, c’est presque rien, mais quand même… Monsieur inspire et souffle, attend le verdict, ouf, « très léger », dit le représentant de l’ordre en montrant le cadran qui indique 0,05. On est soufflés par les progrès techniques de nos poulets zélés…
Notre halte à Bergerac est brève, Perrier-menthe et quart Vichy. Madame reprend la conduite des opérations. Le trajet continue sur un itinéraire qui parle de lui-même : Monbazillac, Saint-Emilion, Pomerol, Blaye… il serait peut-être temps de trouver un abri pour la nuit. On aimerait bien Blaye, logis de France dans la citadelle, écrin de verdure, on croit rêver… Justement, on peut en rêver parce que c’est complet.
Reprenons la route, cette route toute droite et monotone jalonnée d’ombres, mannequins de bois noir évoquant les morts au volant et qui font face à des bouteilles géantes, évoquant les châteaux Bordelais… Sans commentaires…
Nous voici à Etauliers, petit village en direction de Graves, petit hôtel, jolie chambre et bonne table : on dîne régional, quelques huîtres, bar à la fleur de sel et poire au vin rouge… on nous sert le café et la verveine dans le jardin. Il est 21h 45, il fait encore grand jour. Madame téléphone à ses filles pour le leur dire : elles sont sciées (ses filles).
Vendredi matin, on traîne, on n’est pas pressé, on a une heure de route pour se retrouver à la cabane (c’est le restaurant) à L’Eguille. On longe maintenant la Gironde entre vignobles et prés salés : les agneaux de prés salés… La viande préférée de Papa. Il ne tarit pas d’éloges : viande savoureuse, tendre, parfumée juste comme il faut et dont la cuisson est si délicate… Papa… Madame s’inquiète un peu… Pourvu qu’il ne soit pas trop en avance… Est-ce qu’il va supporter l’émotion ? Et puis elle se rappelle Mémé à qui il ne fallait pas faire peur parce qu’elle avait le cœur fragile… Elle a eu le cœur fragile jusqu’à 102 ans… Le temps de penser à tout ça, nous sommes arrivés.
Madame retrouve ses deux grandes sœurs avec bonheur. Elle redevient « la p’tite » même si elle en a passé l’âge et elle apprécie en silence. Pendant quelques minutes d’effervescence on parle de tout et de rien, mais il est midi 25 et on connaît la ponctualité du paternel. Alors ? On fait comment ? On se cache ? On s’assoit tranquillement à une table ?
Finalement, de l’avis général, on s’installe toutes les trois sur le muret devant le restaurant. Les trois gendres se dispersent : un au fond de la terrasse, un autre dans la salle et le troisième, le marin, traverse la Seudre et se retrouve, allez savoir comment, sur le pont d’un bateau. Ils sont tous trois caméra ou appareil photo au poing.
Patience. Suspense… Midi trente… La Laguna blanche aborde le virage… nuage de fine poussière… Léger crissement des graviers… (Il était une fois dans l’ouest… Non, je m’égare…) Ne bougeons pas… C’est drôle, nous sommes à nouveau les petites filles qui préparent un bon tour à leur Papa : rires étouffés, clins d’œil complices, excitation… Il passe au ralenti devant nous… Il n’a rien vu. Agacement… Forcément, il ne s’attend pas à nous trouver là ! Martine et Jacqueline lui ont déjà téléphoné pour lui souhaiter son anniversaire, il leur a dit que Cathy appellerait ce soir… Comme d’habitude.
Il se gare, laisse Lucette descendre. Elle est dans la confidence, elle vient vers nous en riant : « il n’a rien vu ! ». Mais notre torture n’est pas finie. La voiture gêne, il doit la déplacer. De loin, il voit un type sur un bateau : moustachu et franchement louche qui lui fait des signes. « Qu’est-ce que c’est que ce con ? », pense-t-il sans comprendre les gesticulations de l’inconnu. Il manœuvre maintenant, à quelques mètres. Il est juste en face et il ne nous voit pas ! Pas possible ! Il installe tranquillement son pare-soleil… Ça ne tient pas ! Il recommence… Nous, on ne tient plus non plus ! Le fou-rire nous gagne en même temps qu’une inquiétude grandissante… Pourvu qu’il supporte le choc de la surprise…
Ça y est, le pare-soleil est en place. Papa tourne la tête. Arrêt sur image. Il pense : « Tiens, c’est drôle, on dirait Jacqueline et Martine sur le muret… Non, je rêve… Et au milieu, non, je dois rêver… Je me passe la main sur le visage… Non, je ne rêve pas… Elles sont là toutes les trois ! Ah ! Les bourriques ! J’en pleurerais ! D’ailleurs, j’en pleure ! Je suis le plus heureux des papas ! Il faut que je sorte de la voiture. Ça va aller. Ah ! Les bourriques ! Et je ne peux même pas les serrer toutes les trois en même temps ! Mais pourquoi j’ai les bras si courts ? Bien sûr, nous n’échappons pas à la séquence émotion… Embrassades, larmes, c’est d’un gai, ces retrouvailles !
Réalisant qu’il ne s’agit pas d’un rêve, il faut un moment pour se remettre… Surtout à 80 printemps ! Asseyons-nous donc à la terrasse… A l’ombre, on récupère… C’est vrai qu’il fait déjà tellement chaud ! … Enfin, chacun prend sa place, celle de la vedette du jour étant toute désignée par quelques paquets négligemment posés sur son assiette. Papiers déchirés, chiffonnés, un CD… Tiens, un album photos. Qui est-ce ? Ça, c’est de la part de Stéphanie. « Même les petits enfants ! » Oui, ils ont tous répondu « présent ! », mais ils ne pouvaient pas se déplacer alors, ils ont fabriqué ce qu’ils ont pu pour faire plaisir à Papy. « Le festival de Stéphanie » fait sourire, il fait le tour de la table, on regarde les épisodes de sa vie en images. Un autre album : c’est Aurélie « histoire d’une crevette qu’on s’amuse à voir grandir au fil des pages. Tiens, une cassette vidéo : tous les autres petits-enfants y ont participé. Dommage, on ne peut pas la regarder tout de suite. Et ce gros paquet, c’est un joli travail d’Alain, le Saint Gendre qui a monté d’anciennes cartes postales de Rueil : la rue de l’hôtel de ville, la mairie, l’église, le bois de Saint Cucufa… Ça, c’est de la part de nous trois… Sauf que la p’tite n’a pas encore donné son obole (comme d’hab…)
Ça fait déjà trois fois que la patronne vient pour prendre la commande … Nous sommes huit : sept Pineaux rouges et un Pastis (il y a sûrement un méridional dans le lot)… Discussions familiales, échanges de nouvelles, comment vont les enfants ?...
On passe enfin la vraie commande : tout le monde veut des huîtres sauf les trois sœurs qui préfèrent se régaler avec des langoustines… Le plat du jour est un gros poisson qui porte bizarrement le nom de « maigre » ; il fait l’unanimité moins une voix : encore un méditerranéen qui est en manque de persillade et goûterait bien les anguilles-pommes sautées.
Les conversations s’égrènent autour d’un repas plus que délicieux et délicieusement arrosé, sans grande modération, entrecoupées par les réflexions du « doyen » qui a bien du mal à se remettre de sa surprise.
Quand arrive le gâteau, il ne porte que huit bougies, mais on comprend aisément les difficultés qu’aurait occasionné la pose de 80 chandelles (après les 36 qu’on lui a fait voir) et l’extinction de celles-ci pour Papa qui a le souffle court…
A l’heure du café, la chaleur est suffocante. Il est temps de lever le siège et d’aller poser nos valises à l’hôtel. Enfin Meschers ! L’hôtel qui n’était pas très reluisant a été entièrement refait. On s’installe vite et on descend attendre les autres sur le parking. On est en plein soleil, on brûle. Martine arrive enfin, on discute un peu puis Alain paraît : il a mis un short et pris son maillot de bain… ça nous donne des idées… On remonte en vitesse : Monsieur quitte avec soulagement sa chemise et son pantalon de costume qui lui comprime un tantinet les « abdominaux »… L’élastique est la plus confortable des inventions !
Nous voilà repartis, direction : chez Papa. Et si on regardait la cassette vidéo des petits enfants pendant la digestion ? Bonne idée.
Le film commence par Aurore qui propose à son Papy de la suivre au cours d’une journée. Elle lui souhaite un bon anniversaire avec bisous (Moum ! Moum !). Suivent la visite de son appartement, la présentation de son chat qui fait des crottes immondes, de son groupe « Rock » qui souhaite en chœur « Bon anniversaire Papy ! », des meilleures copines qui font pareil, de la promotion des produits UDV, dont un pue vraiment. Le tout est teinté d’un humour qui n’appartient qu’à elle.
C’est ensuite le tour d’Arnaud qui veut nous faire croire qu’il a toute une pile de bouquins dans la tête alors qu’on voit très bien qu’en volume, ça ne rentre pas ! Mais, pour nous montrer qu’il est quand même un garçon équilibré, il nous fait une démonstration de jonglage, de basket et de piano. Bref, sa culture est complète !
La petite Alison nous dit un poème de sa composition : c’est, je crois, la plus sérieuse de tous et en plus, elle est douée.
Son papa vient en dernier. C’est l’aîné des petits enfants. Mi-journaliste, mi-DJ, il nous dit un petit reportage ma foi fort bien ficelé sur un rythme d’enfer. Tout cela est excellent et nous fait passer un bon moment. Papy n’en revient pas. Il est soufflé. Nous allons le laisser récupérer au frais. Non, il n’a pas à s’inquiéter pour ce soir, tout est prévu. Martine a apporté de la soupe de poisson et de la salade, Jacqueline, en pâtissière chevronnée a préparé un cake et un brownie, Catherine aura surement une bonne blague à raconter…
Le chemin de la plage nous donne un air de vacances. Les villas n’ont pas beaucoup changé et c’est déjà la plage, le sable qui crisse sous nos pieds, le cri des mouettes et l’odeur des gaufres. Dommage qu’on n’ait plus faim…
Nous nous divisons en deux groupes : les baigneurs et les papoteuses… et quand chacun a épuisé son sujet, nous reprenons le chemin de l’hôtel où la douche nous rafraîchira le corps, les murs et le carrelage…
En attendant l’apéritif, nous regardons admiratifs, les dessins de Jacqueline, malgré les commentaires du sadique-anal Edmond qui voit des culs partout.
Déjà, tout est prêt sur le bar : les biscuits, les verres, le champagne. On transporte le tout dehors où il commence à faire plus frais. On fait sauter le bouchon. C’est un moment fantastique, un moment volé à notre quotidien, une joyeuse parenthèse. On est tous réunis comme quelques années auparavant et tout le monde est heureux : ceux qui avaient préparé une bonne surprise et celui qui l’a reçue en pleine figure…
Bien que personne n’ait très faim, on passe à table et curieusement, on mange, chacun suivant ses envies. La journée s’achève, on s’embrasse, « mais oui, on passe demain matin avant de partir. », et on rentre à pied à l’hôtel. Une fois là, il y en a qui iraient bien faire un petit tour jusqu’au port, histoire d’éliminer. Mais le fond de l’air est frais, alors, prenons une petite laine. Cette balade à trois nous plonge dans nos souvenirs de jeunesse. En arrivant sur le port où jadis il n’y avait pas la moindre buvette, plusieurs restaurants se succèdent et la clientèle ne manque pas ! Ça ne fait rien, il y a de la place dans un café. Discussion du soir, résumé des émotions du jour, la fraicheur tombe vraiment et on ne s’attarde pas. On rentre en faisant le grand tour, ça réchauffe et c’est bon pour ce qu’on a… (Dans l’estomac).
Arrivés à l’hôtel, on se fait discrets, pas de bruit dans les escaliers, « bonne nuit » chuchoté, on se verra demain au petit déj.
Quel bonheur de se retrouver dans la chambre ! Pas un bruit, tout le monde dort, apparemment… Quoique, dans la chambre voisine, on dirait que ça tousse… Ou p’têt que ça vomit, parce qu’on entend la chasse d’eau… Tiens, quelqu’un se mouche un peu plus loin… Les ébats bruyants seront pour une autre fois, et espérons que tout le monde fasse vœu de chasteté pour la nuit… Vers trois heures du matin, les petites vessies vont faire le vide, et côté lanterne, on entend même l’interrupteur de la chambre voisine… On dirait un peu un grand dortoir, cet hôtel…
Le matin vient vite et en descendant, on croise le patron qui cherche désespérément quelqu’un qui a bien dormi. Il cesse de poser la question fatidique, ce qui est la meilleure solution. On retrouve Jacqueline, Alain, Martine et Edmond déjà attablés. Commentaires sur une nuit agitée, le confort sommaire de l’hôtel, projets imprécis, on verra quand on se reverra…
Retour à la « Mascotte ». Papa n’a pas eu le temps de réaliser que c’est déjà la séparation. Heureusement, tout le monde ne part pas en même temps. Il va cueillir une belle rose dans son jardin, la met dans une pipette et l’offre à sa fille qui est bien sûr ravie mais se demande dans quel état elle arrivera (la rose).
La rose est arrivée presque fraîche (comme une rose).
Monsieur et Madame démarrent, le ciel est couvert et il fait lourd, il faut se résoudre à quitter l’Aquitaine.
Fin mai 2009, nous étions nombreux à Meschers, mais c’était triste.
Nous n’avons pas fêté les 86 ans de Papa.

ESPRIT DE SELLE (bis)








Au cours de nos vacances camarguaises de Pâques, je vous avais parlé d'une balade à cheval sympa avec Frédéric, un guide qui vous explique tout sur la région. Cependant, je ne vous avais pas tout dit (j'en garde toujours un peu sous le coude). Il m'avait proposé de participer à une abrivade pour le 10 novembre.

Qu'est-ce que c'est qu'ça ? Et oui, chaque fois que j'enrichis mon vocabulaire, j'essaie de vous en faire profiter (pas de remerciements, c'est avec plaisir)... Pas de panique, j'explique... Presque tout le monde connaît les courses landaises (intervilles oblige), moins de gens connaissent les courses camarguaises. Il ne faut pas le dire, pour ne pas déclencher une guerre interrégionnale Landes/Camargue, mais ça se ressemble un peu : la course landaise se rapproche davantage de la corrida sans mise à mort avec ses écarteurs (Olé !!!) et ses sauteurs (yop, la, BOUM !!!). Les jeux taurins sont le trait d'union entre Landes et Camargue (Non, ce n'est pas Guy Lux qui les a inventés) : il faut aller décrocher une cocarde fixée entre les cornes d'une vache ou d'un taureau. Ce dernier divertissement pour amateurs de coups de cornes (ça existe) a lieu dans des arènes comportant un "toril"(placard commode pour ranger les taureaux). Les stars du show sont autant les taureaux que les "raseteurs" dont les noms sont largement diffusés par voie de presse, par affiches ou haut-parleurs.

Tout ça ne vous dit pas ce qu'est une abrivade, mais j'y viens (il faut bien remplir un peu).
Pour se rendre à une course camarguaise, le raseteur va s'inscrire, puis il vient par ses propres moyens : vélo, mobylette, moto ou voiture. Il y en a même qui arrivent à pied. Ils repartent quelques fois en ambulance, plus rarement en corbillard. En revanche, le taureau ne dispose pas d'un moyen de transport autonome. De plus, comme le temps de course d'une bête ne doit pas dépasser un quart d'heure dans l'arène (temps de travail qui va faire des envieux !), il en faut plusieurs pour occuper le public tout l'après-midi. Alors, le manadier (Chef de service) les emmène aux arènes, encadrés par des gardians à cheval (éducateurs de taureaux). C'est ça, l'abrivade...

Donc, samedi dernier, Aurélie et moi étions d'abrivade aux Saintes-Maries de la mer. Nous avons commencé vendredi soir en partageant un repas avec les autres participants qui venaient de la France entière (Paris, Lyon, Biarritz, Toulouse, etc.). Des gens plutôt sympas, contents d'être là, appréciant tous l'apéro, le bon vin et le digestif. Quant à nous, nous avons évité le traquenard du comptoir et le jet 27 pour aller nous reposer afin d'être au mieux de notre forme le lendemain matin.

Le rendez-vous était fixé à 8 heures à la promenade, ce qui ne nous permettait pas de prendre le petit-déjeuner à l'hôtel (trop tôt)... Grande catastrophe pour nous qui avons tant de mal à démarrer sans carburant... Mais qu'importe, nous avions deux clémentines, quelques biscuits et une motivation très nourrie.

C'est donc assez légères, dans un léger mistral particulièrement frais que nous avons retrouvé nos compagnons d'un jour, et certains étaient moins frais que le vent... Il s'agissait de mettre les chevaux dans le camion pour les emmener un peu plus près de la plage. Frédéric et ses filles y ont mis 13 chevaux, tête-bêche en moins de temps qu'il faut pour le dire, ou plutôt pour l'écrire.

Une fois sur place, chacun s'est vu attribuer une monture dont la robe allait du gris clair au presque blanc. J'ai fait connaissance avec Junior et Aurélie avec Macao, respectivement grand et petit Camarguais. Tous en selle, nous avons pris, à cheval, la direction de la plage par la plaine saline. Nous avions déjà moins froid (avec nos sièges chauffants) et nous nous sommes tout à fait réchauffées au premier galop : c'était une sensation inédite que d'être sur un animal doté d'une telle puissance et plus rapide que le mistral. Mieux qu'un turbo sur une voiture !! C'est vrai qu'en face, il n'y avait que le vent et le sable à perte de vue.

Après le troisième galop, nous sommes arrivés au deuxième point de rendez-vous : petit déjeuner sur la plage. La maman de Frédéric nous attendait avec une table bien garnie : pâté, rillettes, saucisson, boudin froid, pissaladières, pizzas, pain frais, rouge, rosé, eau fraîche, et sacristains (pas d'église) à la frangipane... Hummmmmmm !!!!!.....

Après ce réconfort, nous avons regagné nos montures attachées un peu plus loin. C'est alors que je me suis aperçue que la plage s'était remplie de chevaux, tous de la même couleur... Ce n'est pas si simple de reconnaître un cheval blanc parmi une multitude de chevaux blancs... Heureusement, notre guide, lui, connaissait ses chevaux.

Nous avons réintégré nos selles et une attente a commencé : trop longue au goût de Junior qui a commencé à s'ébrouer, puis à gratter le sol de ses sabots. Ne connaissant pas cette habitude équine, j'ai été fort surprise d'entendre derrière moi une voix qui disait : "attention ! Il va se rouler !". Trop tard, Junior était déjà à genoux et j'ai eu juste le temps d'évacuer mon siège, pour rouler, moi aussi, dans le sable...

Après nos roulades respectives, et une verte semonce de Frédéric pour mon Pégase impatient, un premier lâcher de taureaux a eu lieu. Le manadier et ses gardians ont encadré les bêtes en triangle, et nous nous sommes massés derrière la formation, la consigne étant : "il faut qu'on reste ensemble !". C'était effectivement préférable, personne ne se sentant les compétences pour retrouver seul le camion, dernier point de ralliement, au cas où.

"Nous partîmes 25, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 60 en arrivant au port", tous au petit trot, botte à botte, contrôlant l'allure et cherchant toujours nos compagnons (surtout, ne pas les perdre !). En fait d'arrivée au port, au bout de la plage, il y avait une foule dense qui dansait devant les chevaux de tête, les excitant le plus possible pour tenter de faire échapper un taureau (c'est le but du jeu). Malgré pétards, feux de Bengale et grands gestes, aucune évasion ne fut à déplorer. Nous avons laissé les gardians continuer leur route en ville jusqu'aux arènes et nous sommes retournés par un chemin de terre à notre point de départ.

C'était une bien belle journée, nous nous sommes séparées de Junior et Macao qui ont rejoint avec joie leur mangeoire à la promenade. Quant à nous, nous sommes allés nous restaurer tous ensemble : on ne risquait plus de se perdre, enfin, pas au sens que nous avions craint toute la matinée...

jeudi 2 septembre 2010

Enguirlandage écologique

Enguirlandage écologique



C’est bientôt Noël, chacun est occupé à préparer les fêtes, on décore la maison avec le sapin, les boules, les guirlandes… etc. A ce propos, je vous signale que, écologie oblige, nous avons acheté cette année une guirlande lumineuse à batterie solaire. Je compte sur la tendance verte actuelle pour ne pas avoir été la seule à me faire avoir…

Nous sommes dans une région où l’ensoleillement devrait permettre l’utilisation de ce genre de produit. Manque de chance, le premier jour, il pleuvait. Donc, le soir, pas de lumière… le lendemain, belle journée, le capteur est en plein soleil derrière la baie vitrée, on va avoir des illuminations fabuleuses… Effectivement, ça scintille, c’est coloré, c’est plutôt joli, ça dure trois secondes et tout s’éteint. Peut-être que ça clignote… On attend… Dix secondes, une minute, on pense que ça clignote sur un drôle de rythme… Un peu plus tard, on se dit qu’il faudrait retrouver la boîte et le mode d’emploi.

Et oui, on est un peu comme ça : la notice, on la lit si on a un souci avec le matériel.
Où est passée cette fichue boîte ? Reconnaissons que nous attribuons aux objets des intentions pour le moins curieuses… La fichue boîte a dû se planquer en vue de représailles qu’elle ne mérite pas. Après quelques farfouillages et réflexions, la boîte réapparaît, avec dedans, le mode d’emploi… Il faut l’exposer directement aux rayons du soleil.

Le jour suivant, le mistral souffle, il n’y a pas un nuage, un vrai ciel d’azur. Le capteur reste toute la journée en plein soleil et en plein vent. Honnêtement, un traitement à donner la migraine et à avoir un lumignon à la place du nez. En fait de lumignon, nous avons de nouveau trois secondes d’éclairage et puis, plus rien…

Et le ticket, qu’est-ce que j’ai fait du ticket ? Je crois bien qu’il est parti (pas tout seul) à la poubelle et depuis le temps, la poubelle est allée au container, et le container dans le camion Véolia qui a dû vider sa benne à la déchetterie.

Et puisque nous parlons de déchets, quelques lignes à lire à la loupe en bas de la notice m’apprennent que les composants ne peuvent pas être changés et doivent être jetés quand ils sont usagés. Je vais donc devoir balancer toute la guirlande qui n’aura jamais servi …

Alors… Alors… Alors ??? Zorro est arrivé, sans se presser, le grand Zorro, le beau Zorro, sans son cheval, avec une prise, il a bricolé l’après-midi entière et il a transformé la fausse guirlande écolo en vraie guirlande électrique qu’on ne jettera pas tout de suite…

La résolution du problème cornélien : soit jeter la chose et augmenter ainsi notre production d’ordures (neuves, mais pas propres pour l’environnement), soit consommer un peu plus d’électricité. Notre choix a été rapide et nous avons tous été ravis qu’une lumière vienne éclairer notre lanterne (ou plutôt notre guirlande), surtout Teddy…

Réponse de Pénélope

18 septembre 2008



Mon cher Ulysse,


J’ai reçu le chanteur vagabond dont tu parles dans ta lettre, mais voilà bien des années qu’il a quitté l’île où tu l’as rencontré. Il se prélasse actuellement dans mon hamac en buvant un liquide ambré qui réchauffe l’âme et le corps. Il appelle ça du Rome et prétend que c’est un souvenir des zentilles. Je suppose que ce sont des prêtresses très aimables qu’il a rencontrées au cours de ses voyages. Il a une curieuse façon de parler quand il en a absorbé plusieurs coupes.
Il faut que je te dise, à ce propos, qu’il m’a fait goûter ce breuvage : d’abord, ça brûle la langue et la gorge, puis, on sent comme une chaleur envahir le corps et après plusieurs rations, on a du mal à tenir debout, on danse un peu la bourrée, comme dit Georges. C’est une danse ou un pas qui va de droite à gauche et qui fait tourner la tête. J’ai dû passer la nuit à défaire le tissage du voile que j’avais commencé après avoir partagé ce Rome avec Georges. D’ailleurs il commence à être très envahissant et je ne vais pas tarder à l’envoyer se faire voir chez les Grecs. Les voisins commencent à jaser.
Dis, quand reviendras-tu ?
Il y a des mauvaises langues qui prétendent que tu es mort et on parle déjà de me remarier. Je suis très courtisée par plusieurs prétendants : Bertrand, Laurent, Dominique et plein d’autres se sont présentés. Ils sont très désagréables et appellent notre fils Télémag. Tous les jours, ils lui demandent le programme de la soirée. Lui ne sait pas quoi répondre et les adresse à Pâris copte qui, paraît-il, est mieux renseigné.
Rassure-toi, Argos garde un œil sur eux. D’ailleurs, je ne sais pas ce qui lui a pris après ton départ, mais il s’est mis à émettre des sons articulés et je l’entends nettement, parfois la nuit, proférer des sentences étranges du style : « Dès que possible, faites demi-tour. ». J’aimerais que tu l’entendes, car pour tout te dire et faire le point, depuis ton départ, tout va de mal en pis (Io me l’a dit).
Notre fils s’est mis en tête de partir à ta recherche et il a contacté Nestor Happylos ainsi que Ménélas mais hélas, ils ne savaient rien. Pour finir, il a vu Protée qui lui a parlé d’une certaine Calypso… Est-ce que c’est un nouveau bateau ? Je trouve que ta croisière s’éternise un peu trop. Cette Edwige dont tu parles ne me plait pas du tout. Ne te crois pas obligé de la protéger envers et contre tous.
Dis, quand reviendras-tu ?
Dis, au moins le sais-tu ?
Ton père a complètement perdu la boule, il vit maintenant dans une cabane loin de la ville. Je suis allée lui rendre visite et lui ai trouvé l’air miteux.
Maintenant, tu es au courant des dernières nouvelles et j’espère que tu vas renvoyer cette Edwige dans ses foyers et que la Calypso te permettra de quitter cette île où tu te trouves.
Que te dire de plus ? Je t’attends patiemment, j’ai repris mon ouvrage et dès que Georges sera reparti je cesserai de défaire la nuit ce qui est fait de travers le jour. Quand ce voile sera terminé,
Si tu ne comprends pas qu’il te faut revenir,
Je ferai de nous deux mon plus beau souvenir.
A bientôt, j’espère
Pénélope

Lettre d'Ulysse à Pénélope

Je profite d'une escale sur une île que je commence à explorer pour te donner quelques nouvelles. Jusque-là, notre voyage se passe bien hormis quelques bagarres qui maintiennent les hommes en forme.

Les vents nous ont emportés chez des drôles d'individus : les Lotophages, Ces gens-là font pousser d'étranges fruits ronds qu'ils numérotent et mettent ensuite dans une boule où ils sont mélangés puis tirés au sort. Le public essaie de deviner la combinaison gagnante et très peu y arrivent, mais tous en rêvent car ça peut rapporter gros. J'ai moi-même essayé de jouer mais je n'ai gagné qu'une poignée de figues que j'ai mises à sécher sur le bateau.

Mes marins ont pris goût à cette pratique et j'ai toutes les peines du monde à les ramener à bord. Je crois que je vais sévir, d'ailleurs, ma secrétaire, Madame Edwige note absolument tous les faits et gestes de chacun. N''en sois pas jalouse, je ne suis pas sûr de pouvoir la garder, personne ne l'aime.

Le prince de l'île attend un grand pope et on craint des remous dans la population. Certains voudraient bien savoir qui va payer son hébergement. On nous a chargés de sa protection et je regrette bien de ne pas pouvoir lui mettre Achille sur les talons.
Ce qui me rassure un peu, c'est que l'équipe locale de ballopode a enfin gagné contre des Byzantins et cela suffira peut-être à calmer les esprits. Toutefois, je ne pense pas qu'ils feraient merveille à Olympie.

Je pense que nous ne resterons plus très longtemps car ici, il faut être très riche pour vivre bien. Les oboles passent du maître à l'esclave qui paie des taxes à l''état qui donne des subventions et dédommagements aux maîtres et quelques fois, les anciens maîtres deviennent des esclaves puis, ils touchent un énorme dédommagement pour redevenir des maîtres (enfin, je crois, c'est un peu confus).

De plus, ici, les Ajax ne font que des travaux d'entretien sans savoir où ça les mène hélas !

Je vais maintenant terminer ma lettre. Je ne sais pas quand elle te parviendra car je vais la remettre à un chanteur vagabond qui rentre chez nous. Il a une gueule de métèque et n'est pas très dynamique, Pas de danger qu'il attaque Ithaque.

J'espère que tes travaux d'aiguille avancent et que notre fils grandit en taille et en sagesse.

Merci de ta patience car l'attente risque d'être encore longue : je pense qu'il te faudra compter plus loin que Troie pour voir mon retour.

Ulysse
10 octobre 2008


Doublure




Au cas où vous auriez voulu échapper à la lecture de mes élucubrations la semaine dernière, je vous en ai expédié un double. Je ne sais pas comment j'ai fait. J'ai dû aller trop vite.
Les dix minutes étant passées à toute allure, j'ai accéléré et je les ai doublées.
Ce qui, entre parenthèses m'a permis de gagner du temps, le double de 10 minutes étant, si je ne m'abuse, 20 minutes.
Heureusement, parce que mon petit somme les a épuisées alors que, curieusement, moi, il m'a requinquée.
C'est sûrement ça qu'on appelle le principe des vases communicants :
Quand je suis épuisée, je prends la force des minutes que j'épuise.
Et ça va mieux.
Décidément, le temps est un sujet particulièrement riche.
On pourrait en parler pendant des heures.
Le côté dommage de la chose, c'est que pendant qu'on en parle, il passe et quand on n'en parle plus, il est passé.
C'est un peu comme la mode : on en parle, elle passe et on la suit.
Quand elle est passée, on en suit une autre et ainsi de suite...
Il y a même une mode pour les doublures…
Et puis, il y a les acteurs qui se font doubler par un cascadeur qui est payé deux fois moins cher que le comédien qui le regarde exécuter ce qu’il ne peut pas faire…
Je me suis laissé dire qu'il y avait des gens qui perdaient leur temps à regarder une madeleine tremper dans une tasse de thé et qui passaient leur vie à la recherche de ce temps perdu. Moi, c'est pas ma tasse de thé : je mange la madeleine sans état d'âme et je bois mon thé tant qu'il est chaud...
Je suis la mode quand elle me plaît et je perds du temps quand c'est possible mais je ne le recherche pas.
D'ailleurs, où irait-on chercher du temps ?
Dans un secteur de recherche du temps perdu au CNRS, aux objets trouvés, peut-être... En mettant un cierge à Saint-Antoine de Padoue ?
A titre indicatif, pendant la crise qui nous occupe en ce moment, je crois qu'il est impératif de donner plus de valeur au temps qui n'est coté que de façon subjective et parfois conditionnelle.
Pour terminer, vous me conjuguerez le verbe passer son temps à ne rien faire à tous les temps et à toutes les modes...