Au cours de nos vacances camarguaises de Pâques, je vous avais parlé d'une balade à cheval sympa avec Frédéric, un guide qui vous explique tout sur la région. Cependant, je ne vous avais pas tout dit (j'en garde toujours un peu sous le coude). Il m'avait proposé de participer à une abrivade pour le 10 novembre.
Qu'est-ce que c'est qu'ça ? Et oui, chaque fois que j'enrichis mon vocabulaire, j'essaie de vous en faire profiter (pas de remerciements, c'est avec plaisir)... Pas de panique, j'explique... Presque tout le monde connaît les courses landaises (intervilles oblige), moins de gens connaissent les courses camarguaises. Il ne faut pas le dire, pour ne pas déclencher une guerre interrégionnale Landes/Camargue, mais ça se ressemble un peu : la course landaise se rapproche davantage de la corrida sans mise à mort avec ses écarteurs (Olé !!!) et ses sauteurs (yop, la, BOUM !!!). Les jeux taurins sont le trait d'union entre Landes et Camargue (Non, ce n'est pas Guy Lux qui les a inventés) : il faut aller décrocher une cocarde fixée entre les cornes d'une vache ou d'un taureau. Ce dernier divertissement pour amateurs de coups de cornes (ça existe) a lieu dans des arènes comportant un "toril"(placard commode pour ranger les taureaux). Les stars du show sont autant les taureaux que les "raseteurs" dont les noms sont largement diffusés par voie de presse, par affiches ou haut-parleurs.
Tout ça ne vous dit pas ce qu'est une abrivade, mais j'y viens (il faut bien remplir un peu).
Pour se rendre à une course camarguaise, le raseteur va s'inscrire, puis il vient par ses propres moyens : vélo, mobylette, moto ou voiture. Il y en a même qui arrivent à pied. Ils repartent quelques fois en ambulance, plus rarement en corbillard. En revanche, le taureau ne dispose pas d'un moyen de transport autonome. De plus, comme le temps de course d'une bête ne doit pas dépasser un quart d'heure dans l'arène (temps de travail qui va faire des envieux !), il en faut plusieurs pour occuper le public tout l'après-midi. Alors, le manadier (Chef de service) les emmène aux arènes, encadrés par des gardians à cheval (éducateurs de taureaux). C'est ça, l'abrivade...
Donc, samedi dernier, Aurélie et moi étions d'abrivade aux Saintes-Maries de la mer. Nous avons commencé vendredi soir en partageant un repas avec les autres participants qui venaient de la France entière (Paris, Lyon, Biarritz, Toulouse, etc.). Des gens plutôt sympas, contents d'être là, appréciant tous l'apéro, le bon vin et le digestif. Quant à nous, nous avons évité le traquenard du comptoir et le jet 27 pour aller nous reposer afin d'être au mieux de notre forme le lendemain matin.
Le rendez-vous était fixé à 8 heures à la promenade, ce qui ne nous permettait pas de prendre le petit-déjeuner à l'hôtel (trop tôt)... Grande catastrophe pour nous qui avons tant de mal à démarrer sans carburant... Mais qu'importe, nous avions deux clémentines, quelques biscuits et une motivation très nourrie.
C'est donc assez légères, dans un léger mistral particulièrement frais que nous avons retrouvé nos compagnons d'un jour, et certains étaient moins frais que le vent... Il s'agissait de mettre les chevaux dans le camion pour les emmener un peu plus près de la plage. Frédéric et ses filles y ont mis 13 chevaux, tête-bêche en moins de temps qu'il faut pour le dire, ou plutôt pour l'écrire.
Une fois sur place, chacun s'est vu attribuer une monture dont la robe allait du gris clair au presque blanc. J'ai fait connaissance avec Junior et Aurélie avec Macao, respectivement grand et petit Camarguais. Tous en selle, nous avons pris, à cheval, la direction de la plage par la plaine saline. Nous avions déjà moins froid (avec nos sièges chauffants) et nous nous sommes tout à fait réchauffées au premier galop : c'était une sensation inédite que d'être sur un animal doté d'une telle puissance et plus rapide que le mistral. Mieux qu'un turbo sur une voiture !! C'est vrai qu'en face, il n'y avait que le vent et le sable à perte de vue.
Après le troisième galop, nous sommes arrivés au deuxième point de rendez-vous : petit déjeuner sur la plage. La maman de Frédéric nous attendait avec une table bien garnie : pâté, rillettes, saucisson, boudin froid, pissaladières, pizzas, pain frais, rouge, rosé, eau fraîche, et sacristains (pas d'église) à la frangipane... Hummmmmmm !!!!!.....
Après ce réconfort, nous avons regagné nos montures attachées un peu plus loin. C'est alors que je me suis aperçue que la plage s'était remplie de chevaux, tous de la même couleur... Ce n'est pas si simple de reconnaître un cheval blanc parmi une multitude de chevaux blancs... Heureusement, notre guide, lui, connaissait ses chevaux.
Nous avons réintégré nos selles et une attente a commencé : trop longue au goût de Junior qui a commencé à s'ébrouer, puis à gratter le sol de ses sabots. Ne connaissant pas cette habitude équine, j'ai été fort surprise d'entendre derrière moi une voix qui disait : "attention ! Il va se rouler !". Trop tard, Junior était déjà à genoux et j'ai eu juste le temps d'évacuer mon siège, pour rouler, moi aussi, dans le sable...
Après nos roulades respectives, et une verte semonce de Frédéric pour mon Pégase impatient, un premier lâcher de taureaux a eu lieu. Le manadier et ses gardians ont encadré les bêtes en triangle, et nous nous sommes massés derrière la formation, la consigne étant : "il faut qu'on reste ensemble !". C'était effectivement préférable, personne ne se sentant les compétences pour retrouver seul le camion, dernier point de ralliement, au cas où.
"Nous partîmes 25, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 60 en arrivant au port", tous au petit trot, botte à botte, contrôlant l'allure et cherchant toujours nos compagnons (surtout, ne pas les perdre !). En fait d'arrivée au port, au bout de la plage, il y avait une foule dense qui dansait devant les chevaux de tête, les excitant le plus possible pour tenter de faire échapper un taureau (c'est le but du jeu). Malgré pétards, feux de Bengale et grands gestes, aucune évasion ne fut à déplorer. Nous avons laissé les gardians continuer leur route en ville jusqu'aux arènes et nous sommes retournés par un chemin de terre à notre point de départ.
C'était une bien belle journée, nous nous sommes séparées de Junior et Macao qui ont rejoint avec joie leur mangeoire à la promenade. Quant à nous, nous sommes allés nous restaurer tous ensemble : on ne risquait plus de se perdre, enfin, pas au sens que nous avions craint toute la matinée...
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