Il y a bien des années, Mémé s'approvisionnait au marché. Maman a poursuivi cette coutume ancestrale, bien qu'elle fréquentât aussi les supermarchés.
Rien que le mot supermarché donnait l'impression qu'on y trouverait des fruits et des légumes frais, de la viande, des fromages, du poisson, bref, de quoi remplir nos réfrigérateurs, nos maisons et tous les ventres de la famille. On pensait à une foule d'odeurs, de couleurs, de bruits.
Même si, par nostalgie je me plonge dans le marché hebdomadaire, je fais mes courses (en courant), comme la plupart des ménagères (de plus et moins de 50 ans), dans une grande surface de la grande distribution. Magnifique !!!
D'abord, la surface, espace abstrait par excellence, et grande en plus... Mais espace symbolique, rappelez-vous les premiers calculs d'aires en ares, l'are était difficile pour nos jeunes cervelles, même si nos parents s'efforçaient de nous en faire manger (de la cervelle), pensant fortifier nos méninges par ingestion de celles de mammifères stupides. Et voilà maintenant que la grande surface devrait évoquer le paradis de la consommation...
Que dire alors de la grande distribution ? Là, on a vraiment l'impression qu'il n'y a qu'à se pointer, attendre et recevoir. Ça rappelle la distribution des prix, et c'est un peu ça, mais dans un sens différent : côté distribution, vous passez à la caisse, et côté prix, y a pas de récompense..En fait, c'est un jeu de plateau.
A la case "départ", vous ne touchez rien, et surtout, vous ne touchez à rien sous peine de déclencher quelque sonnerie intempestive. Après quelques allées et venues, vous avez trouvé une pièce de 1 euro ou un jeton pour déloger un caddie de sa file. Vous vous êtes coincé les doigts en voulant dégager le véhicule, mais vous restez souriants et détendus, je vous connais bien.
Ensuite, chaque rayon constitue une case, et il est inutile d'essayer d'atteindre les eaux minérales sans longer les étagères couvertes de CD et DVD, passer par la confection, la parfumerie et autres tentations sataniques.
Tout est propre, aseptisé, emballé sous blister. Même un tout petit microbe se ferait du souci à l'idée de faire le siège de pareilles forteresses. Dans ces allées tirées au cordeau, vous êtes un pion et vous croisez d'autres pions sortis de leur boîte pour nettoyer votre parcours. Ce sont les auxiliaires de propreté conduisant des machines à laver par terre. Des auxiliaires ! Des êtres sans avoir, avec un savoir et un savoir faire. Et pour le faire savoir, il faut se faire valoir (vous me suivez ?), parce que ce sont des paniers de crabes, ces entreprises. La femme de ménage, comme son nom l'indiquait, c'était une femme et on savait en quoi consistait son travail : laver, frotter, récurer, épousseter, cirer... Etc. Ça sentait la fatigue, la sueur et l'encaustique, mais, des fois elle chantait en accomplissant son dur labeur.
En musant dans cet eden, vous pourrez aussi croiser des managers commerciaux (anciens chefs de rayons), des agents de sécurité vigilants (vigiles), des commerciaux (vendeurs) et une foule d'auxiliaires dont j'ignore les noms.
Ne cherchez pas trop la case poissonnerie, ça sent mauvais ! Généralement il y a un rayon "marée", "produits de la mer"....etc
On se demande encore comment il peut y avoir une "boucherie". De la viande ? Du sang ? Pouah! Une "charcuterie" ? La chair du cochon, le cliquetis des couteaux, l'odeur du pâté, du jambon, du lard, des saucissons, c'est pourtant bien gras, tout ça. Bien bon aussi, des fois.
A la sortie, vous passez par la case "hôtesses de caisse", en voilà une belle expression ! La caissière, elle était souriante ou bougon, aimable ou grognon suivant les jours. L'hôtesse de caisse, dans l'idée, est parfaite, jolie, bien propre sur elle, habillée aux frais de la maison et à ses couleurs. Elle attend pour vous dire "bonjour !" que ce soit votre tour, de façon que le client précédent ne se sente pas délaissé l'espace d'un mot. Elle doit sourire mais pas trop, parler sans papoter, aider sans assister, en bref, elle doit être transparente et c'est quelques fois tellement poussé que les clients ne la voient plus : elle fait partie de la caisse, comme son nom l'indique, elle est formée pour ça et surveillée par "Big Brother".
Certes, la grande distribution est un lieu de prédilection pour l'emploi de mots nouveaux, mais elle n'est pas la seule et elle n'a pas innové en la matière.
Depuis 1970, le Fançais pratique la discrimination positive : on a supprimé les bas (Basses-Alpes, Basses Pyrénées), sauf le Bas-Rhin. Je me demande si on les a oubliés ou si ils ont refusé (ce qui les honorerait). Les Côtes du Nord sont devenues les Côtes d'Armor (plus de terroir) et le département du Nord ? On n'a rien trouvé qui sonne bien et qui soit en rapport avec la région : c'était trop difficile, mais si vous avez des idées, je tâcherai de les soumettre à qui de droit. La Creuse reste une énigme, elle est passée au travers alors que son nom, lion d'être valorisant aurait dû pousser les experts en communication à rebaptiser ce département pour le rendre plus accueillant.
Avant 1970, quand on arrivait dans les Côtes du Nord, on était agréablement surpris par ses paysages sauvages, ses plages immenses, sa côte découpée, ses crevettes au creux des rochers et j'en passe. Maintenant, quand on va passer ses vacances dans les Côtes d'Armor, on est déçu par le climat. Comme quoi, le changement de nom n'est pas toujours une bonne idée...
Maintenant, on préfère la "discrimination" au "racisme". Ça fait plus propre et moins méchant, et si en plus on rajoute "positive", c'est carrément gentil tout-plein, même si ça sent l'oxymore, les occis-morts ou les occis-Maures....
Que dire encore des "Maghrébins", des "Israëlites", des "Blacks" : on cherche à vider les mots d'un sens qui leur colle aux lettres.
Maintenant qu'on a trouvé de nouveaux noms aux femmes de ménage, filles de salle, caissières, Arabes, Juifs et noirs, je me demande comment on appelle les postières, guichetières, gardiens de prison, videurs...
Et pourquoi pas renommer la Seine-Saint-Denis ? De 93 elle est passée à 9.3. Alors, on change le nom ou le numéro ?
Rien que le mot supermarché donnait l'impression qu'on y trouverait des fruits et des légumes frais, de la viande, des fromages, du poisson, bref, de quoi remplir nos réfrigérateurs, nos maisons et tous les ventres de la famille. On pensait à une foule d'odeurs, de couleurs, de bruits.
Même si, par nostalgie je me plonge dans le marché hebdomadaire, je fais mes courses (en courant), comme la plupart des ménagères (de plus et moins de 50 ans), dans une grande surface de la grande distribution. Magnifique !!!
D'abord, la surface, espace abstrait par excellence, et grande en plus... Mais espace symbolique, rappelez-vous les premiers calculs d'aires en ares, l'are était difficile pour nos jeunes cervelles, même si nos parents s'efforçaient de nous en faire manger (de la cervelle), pensant fortifier nos méninges par ingestion de celles de mammifères stupides. Et voilà maintenant que la grande surface devrait évoquer le paradis de la consommation...
Que dire alors de la grande distribution ? Là, on a vraiment l'impression qu'il n'y a qu'à se pointer, attendre et recevoir. Ça rappelle la distribution des prix, et c'est un peu ça, mais dans un sens différent : côté distribution, vous passez à la caisse, et côté prix, y a pas de récompense..En fait, c'est un jeu de plateau.
A la case "départ", vous ne touchez rien, et surtout, vous ne touchez à rien sous peine de déclencher quelque sonnerie intempestive. Après quelques allées et venues, vous avez trouvé une pièce de 1 euro ou un jeton pour déloger un caddie de sa file. Vous vous êtes coincé les doigts en voulant dégager le véhicule, mais vous restez souriants et détendus, je vous connais bien.
Ensuite, chaque rayon constitue une case, et il est inutile d'essayer d'atteindre les eaux minérales sans longer les étagères couvertes de CD et DVD, passer par la confection, la parfumerie et autres tentations sataniques.
Tout est propre, aseptisé, emballé sous blister. Même un tout petit microbe se ferait du souci à l'idée de faire le siège de pareilles forteresses. Dans ces allées tirées au cordeau, vous êtes un pion et vous croisez d'autres pions sortis de leur boîte pour nettoyer votre parcours. Ce sont les auxiliaires de propreté conduisant des machines à laver par terre. Des auxiliaires ! Des êtres sans avoir, avec un savoir et un savoir faire. Et pour le faire savoir, il faut se faire valoir (vous me suivez ?), parce que ce sont des paniers de crabes, ces entreprises. La femme de ménage, comme son nom l'indiquait, c'était une femme et on savait en quoi consistait son travail : laver, frotter, récurer, épousseter, cirer... Etc. Ça sentait la fatigue, la sueur et l'encaustique, mais, des fois elle chantait en accomplissant son dur labeur.
En musant dans cet eden, vous pourrez aussi croiser des managers commerciaux (anciens chefs de rayons), des agents de sécurité vigilants (vigiles), des commerciaux (vendeurs) et une foule d'auxiliaires dont j'ignore les noms.
Ne cherchez pas trop la case poissonnerie, ça sent mauvais ! Généralement il y a un rayon "marée", "produits de la mer"....etc
On se demande encore comment il peut y avoir une "boucherie". De la viande ? Du sang ? Pouah! Une "charcuterie" ? La chair du cochon, le cliquetis des couteaux, l'odeur du pâté, du jambon, du lard, des saucissons, c'est pourtant bien gras, tout ça. Bien bon aussi, des fois.
A la sortie, vous passez par la case "hôtesses de caisse", en voilà une belle expression ! La caissière, elle était souriante ou bougon, aimable ou grognon suivant les jours. L'hôtesse de caisse, dans l'idée, est parfaite, jolie, bien propre sur elle, habillée aux frais de la maison et à ses couleurs. Elle attend pour vous dire "bonjour !" que ce soit votre tour, de façon que le client précédent ne se sente pas délaissé l'espace d'un mot. Elle doit sourire mais pas trop, parler sans papoter, aider sans assister, en bref, elle doit être transparente et c'est quelques fois tellement poussé que les clients ne la voient plus : elle fait partie de la caisse, comme son nom l'indique, elle est formée pour ça et surveillée par "Big Brother".
Certes, la grande distribution est un lieu de prédilection pour l'emploi de mots nouveaux, mais elle n'est pas la seule et elle n'a pas innové en la matière.
Depuis 1970, le Fançais pratique la discrimination positive : on a supprimé les bas (Basses-Alpes, Basses Pyrénées), sauf le Bas-Rhin. Je me demande si on les a oubliés ou si ils ont refusé (ce qui les honorerait). Les Côtes du Nord sont devenues les Côtes d'Armor (plus de terroir) et le département du Nord ? On n'a rien trouvé qui sonne bien et qui soit en rapport avec la région : c'était trop difficile, mais si vous avez des idées, je tâcherai de les soumettre à qui de droit. La Creuse reste une énigme, elle est passée au travers alors que son nom, lion d'être valorisant aurait dû pousser les experts en communication à rebaptiser ce département pour le rendre plus accueillant.
Avant 1970, quand on arrivait dans les Côtes du Nord, on était agréablement surpris par ses paysages sauvages, ses plages immenses, sa côte découpée, ses crevettes au creux des rochers et j'en passe. Maintenant, quand on va passer ses vacances dans les Côtes d'Armor, on est déçu par le climat. Comme quoi, le changement de nom n'est pas toujours une bonne idée...
Maintenant, on préfère la "discrimination" au "racisme". Ça fait plus propre et moins méchant, et si en plus on rajoute "positive", c'est carrément gentil tout-plein, même si ça sent l'oxymore, les occis-morts ou les occis-Maures....
Que dire encore des "Maghrébins", des "Israëlites", des "Blacks" : on cherche à vider les mots d'un sens qui leur colle aux lettres.
Maintenant qu'on a trouvé de nouveaux noms aux femmes de ménage, filles de salle, caissières, Arabes, Juifs et noirs, je me demande comment on appelle les postières, guichetières, gardiens de prison, videurs...
Et pourquoi pas renommer la Seine-Saint-Denis ? De 93 elle est passée à 9.3. Alors, on change le nom ou le numéro ?
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