Salut ! C'est moi, Fidèle. Je profite d'un moment de tranquillité pour vous dire un peu ce qu'est devenu ma vie depuis deux semaines. De toute façon, Catherine est bien trop occupée cette semaine pour écrire sa chronique, alors, je vous raconte un peu mon histoire.
Il y a quelque temps, j'étais sous un joli globe de verre dans un magasin spécialiste de la culture et des arts créatifs. Ça s'appelle "Cultura" et c'est une excellente référence pour votre futur employeur. Avec ce nom-là sur votre certificat, on vous garantit du travail pour au moins un an. D'accord, c'est un CDD, mais si vous faites votre boulot correctement, le CDI est assuré. Le côté moche, c'est qu'on ne vous met jamais à la retraite : vous travaillez jusqu'à rendre l'âme.
Remarquez, pour un contrat première embauche, je ne me plains pas. On me considère plutôt bien, on apprécie mes compétences, et on prend des précautions pour me transporter. Quand j'ai su que c'était une femme qui m'achetait, je me suis dit que j'aurais le temps de me reposer, que je ne serais pas submergé de travail. J'étais persuadé d'être un gadget sur le bureau, l'objet qu'on expose, qui vous classe mais qu'on n'utilise pas, soit parce qu'on ne sait pas, soit parce qu'on n'en a pas vraiment l'utilité. Je peux vous dire que je me suis lourdement trompé.
Au départ, elle était tout admirative. Pourtant, je n'ai pas la légèreté d'une plume. Elle a installé mon logiciel correctement, j'étais prêt à fonctionner. Elle a fait comme tout le monde, elle a écrit son nom, son adresse, elle trouvait que mon bleu était chouette.
Et puis elle a commencé à écrire des phrases banales, et des citations, et quand elle me mettait sur mon support, j'envoyais tout ça dans un dossier qu'elle ne trouvait jamais. Et pour cause, elle oubliait de tracer un trait vertical dans la marge intelligente. C'est tout de même pas de ma faute !
Alors notre relation s'est un peu gâtée. Elle a commencé à me faire écrire des grossièretés que je me suis empressé d'effacer de ma mémoire... Je dois lui reconnaître une excuse, tout de même, c'est que les concepteurs de mon mode d'emploi, ou plutôt du mode d'emploi des cahiers ne sont pas très clairs, bien qu'ils sortent d'Oxford (grande école de la papeterie). Que voulez-vous, tout le monde n'a pas la limpidité Claire Fontaine !
Et puis, elle a trouvé ! J'avais bien essayé de lui faire comprendre la chose, mais je ne suis pas doté d'un organe d'expression suffisamment élaboré pour me faire entendre, et comme en plus je me faisais engueuler, j'ai continué à glisser sur le papier et j'ai laissé couler... Après, elle était aux anges, et je ne vous raconte pas tout ce qu'elle m'a fait écrire. Des post-it, des messages, des listes de mots, des phrases auxquelles je ne comprends rien. Notez bien que comprendre, c’est pas mon boulot. Moi, j'écris, je mémorise, j'interprète et je retranscris, un point c'est tout.
Mais elle a encore eu des mots désagréables quand elle a eu fini d'écrire une page entière et qu'elle était illisible. Quelle idée aussi d'essayer de changer une cartouche qui fonctionne normalement ! Qu'est-ce que j'ai entendu ! "Incapable, Nul !" Encore un peu, elle m'envoyait chez les Grecs pour prendre leur température ! Mais je ne fais pas Thermomètre, moi ! En plus j'avais envoyé des signaux : je vibrais quand elle écrivait, j'avais un signal passé au rouge alors qu'il est habituellement vert, bref, j'avais tout essayé mais elle trouvait justement que ce rouge égayait mon costume gris un peu strict. C'est vrai qu'habituellement, je travaille plutôt pour les cadres moyens de l'administration, ce qui explique ma couleur...
Notez que quand elle a vu les insultes qui' elle m'avait fait écrire sur l'écran, elle était moins fière ! Dans sa chronique, elle a osé écrire que retaper la page au clavier, c'était pas grave. C'est pas du tout ce que j'ai entendu sur le coup. Elle a même trouvé que ma mémoire était "rikiki"... Non mais je vous jure!!!... Ma mémoire n'est peut-être pas très développée, mais au moins, elle est fiable. Je n'oublie rien, Moi... Parce que vu le nombre de post-it qu'elle me fait mettre sur son écran, sa mémoire à elle, elle a des fuites... Toutefois, je ne veux pas être trop méchant, parce que je suis persuadé que je suis un collaborateur plutôt conçu pour les femmes. Généralement, elles sont plus délicates et surtout, leur écriture est plus claire que celle des hommes, alors, je m'en sors mieux.
Bon, je crois qu’elle va m'emmener en week-end parce que son mari voudrait me connaître un peu mieux. Je l'ai aperçu l'autre jour. Un moustachu, je me méfie... Il a pas une tête à écrire beaucoup. Remarquez, la tête, je m'en fiche un peu. Ce qui compte, pour moi, c'est surtout la main et l'adresse, et je dois dire que lui, j'ai des doutes sur son adresse ; d'ailleurs, la semaine dernière, il n'a pas reçu la chronique. Mais peut-être que je me suis trompé d'adresse. Ce qui m'ennuie c'est que si je n'arrive pas à lire son écriture, je vais encore en entendre des choses ! De toute façon, je n'entends rien, je vois surtout. Je n'ai qu'un œil mais il est vigilant. Alors il faut pas me prendre pour une bille !...
Mais si tout se passe bien, peut-être qu'ils m'emmèneront en vacances... J'aimerais bien voir le Mont-Blanc en vrai... Je sais que c'est un peu prétentieux, mais je pourrais revenir avec une étoile blanche sur mon capuchon. Ça me rendrait beaucoup plus élégant et je n'aurais plus à rougir de mon costume gris un peu tristounet...
Il y a quelque temps, j'étais sous un joli globe de verre dans un magasin spécialiste de la culture et des arts créatifs. Ça s'appelle "Cultura" et c'est une excellente référence pour votre futur employeur. Avec ce nom-là sur votre certificat, on vous garantit du travail pour au moins un an. D'accord, c'est un CDD, mais si vous faites votre boulot correctement, le CDI est assuré. Le côté moche, c'est qu'on ne vous met jamais à la retraite : vous travaillez jusqu'à rendre l'âme.
Remarquez, pour un contrat première embauche, je ne me plains pas. On me considère plutôt bien, on apprécie mes compétences, et on prend des précautions pour me transporter. Quand j'ai su que c'était une femme qui m'achetait, je me suis dit que j'aurais le temps de me reposer, que je ne serais pas submergé de travail. J'étais persuadé d'être un gadget sur le bureau, l'objet qu'on expose, qui vous classe mais qu'on n'utilise pas, soit parce qu'on ne sait pas, soit parce qu'on n'en a pas vraiment l'utilité. Je peux vous dire que je me suis lourdement trompé.
Au départ, elle était tout admirative. Pourtant, je n'ai pas la légèreté d'une plume. Elle a installé mon logiciel correctement, j'étais prêt à fonctionner. Elle a fait comme tout le monde, elle a écrit son nom, son adresse, elle trouvait que mon bleu était chouette.
Et puis elle a commencé à écrire des phrases banales, et des citations, et quand elle me mettait sur mon support, j'envoyais tout ça dans un dossier qu'elle ne trouvait jamais. Et pour cause, elle oubliait de tracer un trait vertical dans la marge intelligente. C'est tout de même pas de ma faute !
Alors notre relation s'est un peu gâtée. Elle a commencé à me faire écrire des grossièretés que je me suis empressé d'effacer de ma mémoire... Je dois lui reconnaître une excuse, tout de même, c'est que les concepteurs de mon mode d'emploi, ou plutôt du mode d'emploi des cahiers ne sont pas très clairs, bien qu'ils sortent d'Oxford (grande école de la papeterie). Que voulez-vous, tout le monde n'a pas la limpidité Claire Fontaine !
Et puis, elle a trouvé ! J'avais bien essayé de lui faire comprendre la chose, mais je ne suis pas doté d'un organe d'expression suffisamment élaboré pour me faire entendre, et comme en plus je me faisais engueuler, j'ai continué à glisser sur le papier et j'ai laissé couler... Après, elle était aux anges, et je ne vous raconte pas tout ce qu'elle m'a fait écrire. Des post-it, des messages, des listes de mots, des phrases auxquelles je ne comprends rien. Notez bien que comprendre, c’est pas mon boulot. Moi, j'écris, je mémorise, j'interprète et je retranscris, un point c'est tout.
Mais elle a encore eu des mots désagréables quand elle a eu fini d'écrire une page entière et qu'elle était illisible. Quelle idée aussi d'essayer de changer une cartouche qui fonctionne normalement ! Qu'est-ce que j'ai entendu ! "Incapable, Nul !" Encore un peu, elle m'envoyait chez les Grecs pour prendre leur température ! Mais je ne fais pas Thermomètre, moi ! En plus j'avais envoyé des signaux : je vibrais quand elle écrivait, j'avais un signal passé au rouge alors qu'il est habituellement vert, bref, j'avais tout essayé mais elle trouvait justement que ce rouge égayait mon costume gris un peu strict. C'est vrai qu'habituellement, je travaille plutôt pour les cadres moyens de l'administration, ce qui explique ma couleur...
Notez que quand elle a vu les insultes qui' elle m'avait fait écrire sur l'écran, elle était moins fière ! Dans sa chronique, elle a osé écrire que retaper la page au clavier, c'était pas grave. C'est pas du tout ce que j'ai entendu sur le coup. Elle a même trouvé que ma mémoire était "rikiki"... Non mais je vous jure!!!... Ma mémoire n'est peut-être pas très développée, mais au moins, elle est fiable. Je n'oublie rien, Moi... Parce que vu le nombre de post-it qu'elle me fait mettre sur son écran, sa mémoire à elle, elle a des fuites... Toutefois, je ne veux pas être trop méchant, parce que je suis persuadé que je suis un collaborateur plutôt conçu pour les femmes. Généralement, elles sont plus délicates et surtout, leur écriture est plus claire que celle des hommes, alors, je m'en sors mieux.
Bon, je crois qu’elle va m'emmener en week-end parce que son mari voudrait me connaître un peu mieux. Je l'ai aperçu l'autre jour. Un moustachu, je me méfie... Il a pas une tête à écrire beaucoup. Remarquez, la tête, je m'en fiche un peu. Ce qui compte, pour moi, c'est surtout la main et l'adresse, et je dois dire que lui, j'ai des doutes sur son adresse ; d'ailleurs, la semaine dernière, il n'a pas reçu la chronique. Mais peut-être que je me suis trompé d'adresse. Ce qui m'ennuie c'est que si je n'arrive pas à lire son écriture, je vais encore en entendre des choses ! De toute façon, je n'entends rien, je vois surtout. Je n'ai qu'un œil mais il est vigilant. Alors il faut pas me prendre pour une bille !...
Mais si tout se passe bien, peut-être qu'ils m'emmèneront en vacances... J'aimerais bien voir le Mont-Blanc en vrai... Je sais que c'est un peu prétentieux, mais je pourrais revenir avec une étoile blanche sur mon capuchon. Ça me rendrait beaucoup plus élégant et je n'aurais plus à rougir de mon costume gris un peu tristounet...
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