jeudi 21 décembre 2006

Paquet cadeau




On y arrive, c'est bientôt Noël ! Je me permets de vous rappeler, mais je ne doute pas de vos bonnes intentions, que c'est une fête religieuse chrétienne, qu'on célèbre la naissance du Christ. Bon anniversaire Jésus ! J'espère qu'il aura assez de souffle pour ses 2006 bougies. Souvenez vous, en 1999, il avait tout éteint d'un coup et on s'était retrouvé dans le noir. Je vous exhorte donc à vous rendre à pied, à cheval ou à vélo (plus écolo) à la messe de minuit. Moi, je n'irai pas, mais vous prierez pour moi, grande mécréante vouée aux flammes de l'enfer...

De toute façon, le Père-Noël a pris le relais du petit Jésus, et on fête Noël aussi bien chez les Juifs que chez les Musulmans. Je crois même que le marketing a pris le relais du père Noël.

En arpentant les magasins, j'ai pu admirer tout ce qu'on pouvait offrir. Et bien, je ne vous surprendrai sûrement pas en vous disant qu'on peut faire cadeau de n'importe quoi, y-compris les accessoires ménagers les plus invraisemblables. J'ai été franchement surprise par les nouveautés sorties pour l'occasion : de la machine à pain (très encombrante) à la fabrique de barbe à papa (rose évidemment) en passant par la fontaine à chocolat (impressionnante), honnêtement, si on a tout, il faut une cuisine d'au moins 50 mètres carrés.

Bien entendu, la Play station, la console DS, toute la gamme de jeux Nintendo et Sony sont à l'honneur pour les jeunes, mais je crois que "les grands" ne s"excluent pas du cercle des toqués de la manette...

Côté vêtements, on donne plutôt dans la marque, généralement sportive, agrémentée d'un logo brodé. Tous ces merveilleux tee-shirts, sweat-shirts et autres joggings atteignent des sommets côté prix, compte tenu de leur coût de fabrication.

A ce propos, je vous explique le système "Nike" (vous savez sûrement comment ça se dit en grec). Nike dont le logo est l'aile de la victoire de Samothrace, et que tout le monde appelle vulgairement une virgule, a un principe très simple : on ne produit rien, on ne fabrique rien, on soutraite au meilleur prix, de préférence sur les marchés asiatiques où la main d'oeuvre est extrêmement bon marché et excessivement jeune (entre 7 et 17 ans).

Je vous sens agacé : "vous achetez plutôt Adidas (ah !dis donc!) ou reebock (plutôt riz bok), je vous rassure, c'est pareil : Adidas fait fabriquer ses ballons de foot au Pakistan par des gamins qui ne jouent même pas avec des boîtes de conserves, reebock idem... Et les consoles, les gamins qui les montent se demandent peut-être à quoi ça sert...

De toute façon, qu'on achète n'importe quoi, c'est pareil (la mondialisation, c'est aussi ça), alors disons-nous qu'en jouant, nous permettons à un petit Pakistanais, Cambodgien ou Laosien de s'épanouir dans le travail et de manger à sa faim...

Je vous rassure, j'ai l'air, comme ça de donner des leçons de morale, mais je fais comme vous tous, je cherche des cadeaux pour essayer de faire plaisir à mes proches. Lundi, donc, je déambulais dans une grande surface remplie de cadeaux potentiels, cherchant l'objet qui pourrait combler l'une de mes filles. Une vendeuse était déjà venue me demander si j'avais besoin de renseignements. Physiquement, je la situerais entre Arlette Laguiller et Marie-George Buffet, mais coiffée comme Amanda Lear (vous voyez ?). Je lui avais poliment répondu : "non, je regarde, je ne sais pas ce que je veux..." Elle ne me lâchait plus du regard. Je me demande encore pourquoi. Avait-elle peur que je parte avec une machine encombrante et lourde ou craignait-elle de louper une vente ? La question restera posée... Lassée de cet espionnage, j'ai changé de rayon. J'en ai changé plusieurs fois, parce que j'avais l'impression d'être dans une ruche et de me faire piquer à chaque fois que je posais les yeux sur un objet. Je me suis réfugiée dans un coin tranquille plein de trucs inutiles. C'est là que j'ai trouvé un vrai cadeau pour ma fille. Un vrai cadeau, c'est quelque chose qui ne sert pas forcément à grand-chose mais qui peut faire plaisir.

A ce moment-là, plus personne. J'ai sillonné le magasin pour croiser enfin trois vendeuses occupées à préparer leur réveillon. J'ai attendu qu'elles aient fini leurs échanges culinaires (je ne travaillais pas, moi, donc, j'avais le temps). Enfin, une jeune femme dynamique a pris ma commande en compte, m'a donné un post-it avec une référence, a pianoté sur son clavier sans musique et m'a expédiée à la caisse. Ça se passe comme ça maintenant : on paie et après, on va retirer ses achats à un comptoir où il n'y a personne. Ou plutôt, si, il y a une personne qui n'a que deux bras et c'est bien dommage quand il y a du monde. Donc, je résume : vous attendez pour avoir une vendeuse, vous attendez à la caisse, vous attendez pour retirer les marchandises et après, deux jeunes filles habillées en cadeaux de Noël vous proposent d'emballer vos paquets façon "fête" et rien qu'à les regarder, vous ne doutez pas du résultat...

Habituellement, je préfère empaqueter moi-même, mais là, j'ai pensé que ça me ferait gagner du temps. La demoiselle était jolie, souriante, coiffée comme une poignée de bolducs frisés au ciseau, je me suis laissée convaincre. Elle a donc pris ma boîte, un parallélépipède un peu plus petit qu'une boîte à chaussures. Elle disposait d'une table assez grande, d'un distributeur de papier bleu vif d'un côté, blanc de l'autre, de scotch et de bolducs tout prêts. D'entrée, je me suis douté que ce n'était pas sa place habituelle. Peut-être gauchère malagauche ou droitière maladroite, peut-être pas manuelle, mais pas intellectuelle non plus, ça, j'en suis sûre... Pour sa défense, je dirai que le papier déroulait sa face blanche contre la table et qu'elle voulait faire un paquet bleu. C'est là que j'ai compris : j'avais perdu... Elle a mesuré avec la boîte la longueur de feuille nécessaire. Elle a eu un peu de mal à la couper : il faut dire qu'elle avait peur de déchirer et qu'évidemment, c'est ce qu'elle a fait. Elle a donc recommencé, et en faisant tout doucement, elle a réussi à couper le papier en dents de scie. C'était mieux, ou moins pire. Ensuite, elle a réfléchi un moment avant de comprendre qu'elle devait retourner la feuille pour que le cadeau soit bleu. J'ai failli lui dire que ça m'était égal qu'il soit blanc, mais la voyant si concentrée sur son travail, je me suis abstenue : on aurait dit Bernard Henri Lévy réfléchissant au problème afghan. Elle, elle a résolu le sien. Après, quelque chose lui a échappé : elle pensait avoir coupé juste ce qu'il lui fallait et elle n'arrivait pas à faire le tour de la boîte. Ça avait l'air compliqué alors je lui ai suggéré de tourner la feuille pour que la géométrie et la logique soient respectées. Je peux dire sans crainte qu'elle a enchaîné les maladresses et surtout les scotches (elle en avait peut-être bu). D'abord, elle a réussi à entourer la boîte, c'était du billard... Ça s'est compliqué quand elle a voulu replier les côtés, parce qu'il y avait trop de papier. Alors, elle a un peu chiffonné, dans un sens, dans l'autre, pour finir aux ciseaux, et la dentelle du Puy, à côté, c'est un ruban de velours... Enfin, quelques scotches plus tard (hic !), le paquet était torché, si je puis dire... Il était froissé partout sauf sur le dessus, alors, cerise sur le gâteau, elle a ajouté une frisette rouge vermillon du plus bel effet, et elle m'a tendu le paquet avec un grand sourire. C'était du grand art... Pompier ! Je lui ai rendu son sourire et j'avais l'impression de lui faire un cadeau... Je pensais refaire l'emballage, mais finalement, il est très bien comme ça, et puis, Stéphanie ne pourra pas le rater dans la pile...

Ne vous moquez pas, ça n'est pas si facile d'envelopper les choses de façon esthétique, à moins d'être un bon politique... Imaginez qu'un jour elle doive emballer un ballon ! C'est très difficile... A moins d'être petit, et Pakistanais...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je n'aurais pas su le dire aussi bien, mais de tels paquets-cadeaux j'en ai eu pas mal! alors dans le cadre de la formation continue, à quand le stage bolduc???