jeudi 12 octobre 2006

Preu ou Prou


Cette semaine, j'ai une petite histoire à vous raconter. Figurez-vous que lundi, je suis allée à Nice voir mon amie Annie.
On y travaille actuellement à la fluidification de la circulation (le tramway) ce qui la rend quasiment impossible. J'avais donc décidé de m'y rendre par le chemin de fer, moyen de transport Ô combien pratique et ponctuel (enfin presque). De plus, dans le train, on peut lire, ce qui est très dangereux en voiture. J'avais emporté un bon roman de chevalerie. A l'aller, j'ai pu suivre tournois et joutes, quelques belles batailles aussi et à Nice-ville, mes ostoyeurs venant de remporter une assez belle victoire à Cocherel, je suis descendue et j'ai piété* vers la demeure de dame Annie.

Nous avons passé une excellente journée, avons fait ripaille dans une auberge où le pot était fameux. Tout en clabaudant et caquetant, nous avons cheminé dans la vieille ville, nous sommes émerveillées devant le marché aux fleurs, avons sinué dans ces petites ruelles sombres et si bien achalandées que l'on y trouve tout ce qu'on peut désirer.

Je dois dire que j'étais hodée* en retrouvant l'appartement de dame Annie, mais elle me servit un thé délicieux, ce qui me revigora tout à fait.

Enfin vint l'heure de rentrer. D'un pas rapide, je regagnai la gare ayant grand peur de manquer mon train. Il n'en fut rien, je vous rassure, et, bien installée dans un wagon confortable, je pus reprendre ma lecture. J'avais suivi Bertrand du Guesclin un peu partout en France et en Espagne, mais il ne fallait toutefois pas que je manque la gare de Cannes où un autre chevalier devait m'attendre sur sa moto. Il faisait nuit, concentrée sur mon histoire (Guesclin était mourant), il me sembla reconnaître les remparts de la ville, et, sans regarder plus avant, je refermai mon livre et descendis sur le quai. Ce fut au moment où je voyais l'écriteau "Juan les Pins" que la machine redémarra.

Sans perdre un instant, je me renseignai sur l'horaire du prochain train pour Cannes. "Dans 35 minutes" me répondit fort aimablement le préposé derrière son guichet. Je me sentis toute marmiteuse et déconfite, mais changeant brutalement d'époque, j'empoignai mon téléphone portable pour prévenir mon chevalier qui m'attendais à Cannes que je l'attendais, moi, à Juan les Pins.

Là, je m'adresserai plus particulièrement aux dames en a parte : gentes dames, combien parmi vous auraient fait rire leur époux de cette façon ? En tout cas, moi, je le fis, mais je dois reconnaître qu'il est d'excellente composition et ne manque pas d'élégance dans ce genre de situation. Il sait qu'avec moi, il peut s'attendre à tout, mais surtout qu'il doit m'attendre partout.

Après s'être esclaffé prou, mon preux me vint chercher sur son fier destrier de fer. Je montai en croupe et nous rentrâmes en notre logis, heureux de ces retrouvailles.

Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la suite des folles aventures ou autres choses d'un autre genre.

* piéter : aller à pied (rien à voir avec la piété, on est preux, peu ou prou, on n'est pas pieux)
* être hodé : être épuisé

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